La tarification solidaire — Propulser les petits acteurs du milieu de l’économie sociale
Les mêmes talents et la même qualité, à des tarifs différents! Chacune des organisations à impact positif que nous servons à une structure légale, une taille et une réalité particulière. Pour nous, toutes contribuent à la société et méritent la même implication.
Parce que nous sommes tous·tes différents dans nos personnalités et dans nos capacités, nous sommes de fervent·es défenseur·ses de l’équité bien utilisée. Et parce qu’il nous semble normal d’appliquer nos concepts internes à l’externe, il nous fallait trouver un moyen de transcrire ce concept d’équité à notre clientèle. C’est comme ça que la tarification solidaire est née: une manière d’offrir des services identiques à des organisations aux réalités différentes. Ou peut-être voulions-nous simplement prendre le contre-pied d’un concept collectivement admis dans la majorité de notre société, le même tarif pour tous?
Nous avons choisi d’opter pour trois paliers distincts prenant en compte, tout d’abord, la structure légale, qui selon nous représente le caractère lucratif ou non de l’organisation et la distribution du pouvoir et du profit. En second lieu, le nombre d’employés temps plein, ce qui caractérise la maturité et la stabilité organisationnelle. C’est ainsi que les plus petites coopératives et OBNL ont accès au plus bas taux horaire; les plus grandes coopératives et OBNL (plus de 10 employés), ainsi que les petites entreprises (moins de 5 employés) ayant des projets à impact, eux se retrouvent au 2e palier, et finalement, les institutions, municipalités, sociétés, associations et grandes OBNL (plus de 50 employés) payent le tarif régulier des services.
En faisant affaire avec nous, les plus grandes organisations contribuent à ce que les plus petites structures aient accès à des services de qualité. Nous contribuons en rendant ce système disponible, ce qui, sans équivoque, ralentit la croissance économique de la coopérative.
Même si cette démarche a beaucoup de sens pour nous, on croit important de vous partager quelques défis rencontrés. En effet, Bon Karma (une de nos coops maintenant fusionnées) a utilisé ce système pendant plusieurs années et a identifié quelques points à réfléchir avant de se lancer:
– Il y a déjà plusieurs défis énergétique et financier à démarrer une entreprise collective (ou tout autre type d’entreprise). Mettre en place ce genre d’initiative systématique avec une cible précise à impact peut ajouter un défi à l’atteinte d’une stabilité de trésorerie, surtout dans les premières années.
– Parfois on se retrouve devant des cas particuliers d’organisations où la structure d’entreprise et le nombre d’employés ne sont pas représentatifs des budgets de l’organisation. Elles auraient donc pu contribuer plus grandement à l’équité de ce système, mais il est essentiel d’avoir des critères clairs sur lesquels se baser.
– Pour que la tarification solidaire fonctionne, il faut qu’il y ait de plus gros acheteurs comme les institutions et les villes qui paient le tarif régulier pour supporter les tarifications plus basses. Ça prend donc aussi un peu de sensibilisation auprès de ces joueurs-là afin qu’ils voient les bénéfices d’acheter auprès d’une entreprise d’économie sociale à impact comme la nôtre.
Malgré ces défis spécifiques, le principe de tarification solidaire reste une pratique gagnante pour nous. C’est la représentation même des valeurs que l’on porte au quotidien: faire du beau avec du bon, et croître de façon plus lente et organique en contribuant à quelque chose de plus grand!
Si jamais le principe vous intéresse, ça nous fera plaisir de partager un café (ou un thé) en bonne compagnie pour en discuter.